Quelle est la technique de compression MP3 ?
En fait, on devrait plutôt parler d'un ensemble de techniques utilisées pour arriver au résultat final.
Parmi ces techniques, certaines sont dites destructrices d'autres non. Une compression destructrice,
c'est une compression qui est réalisée en perdant de l'information. Cela signifie que si l'on décompresse le signal
compressé à l'aide d'une telle technique, on ne retrouvera pas le signal de départ.
Parmi les techniques de compression destructrices, on a essentiellement des méthodes qui exploitent les
propriétés de l'oreille humaine. Cette dernière entend les fréquences situées dans la gamme 20 Hz 20 kHz.
Si un morceau contient des fréquences hors de cette gamme, on peut donc purement et simplement les supprimer sans
perte de qualité audio puisque l'oreille ne les entend pas. En fait, on entend surtout
correctement les fréquences situées dans la gamme 2 kHz 5 kHz. En effet, il faut moins de 5dB
pour entendre les fréquences de cette bande alors qu'il faut plus de 20dB pour entendre les fréquences situées en dessous de 100Hz ou
au dessus de 10kHZ. Ces constatations peuvent être exploitées pour réduire la taille des fichiers. On peut par
exemple décider que toutes les fréquences au dessus de 15kHz seront supprimées. Le MP3 utilise aussi le
principe des fréquences masquées. Si dans un groupe de fréquences, certaines ont un niveau
sonore beaucoup plus élevé que d'autres, il n'est pas nécessaire de conserver les fréquences de niveau sonore
faible : on ne les entendra pas. Pour utiliser une comparaison plus marquante, imaginez que vous êtes dans
votre jardin et que vous entendez le pépiement des oiseaux. Le concorde passe au dessus de votre tête (même
très haut). Vous n'entendrez plus les oiseaux car le son qu'ils produisent est beaucoup plus faible que celui
généré par l'avion. C'est comme si les oiseaux n'existaient plus ou avaient arrêté de chanter. On voit bien
qu'il n'est pas nécessaire de coder toutes les fréquences présentes dans un morceau pour que l'oreille humaine
le perçoive correctement quand même. Enfin, si les deux voies d'un son stéréo présentent des séquences
semblables, au lieu de dupliquer ces séquences, on en stocke évidemment qu'une et l'information qu'à ce moment
là, voie droite et voie gauche sont identiques.
Au rang des techniques non destructrices, que trouve-t-on ? Principalement des techniques de codage.
Expliquons nous. Un son, c'est une fréquence. Une seconde de musique c'est donc une succession de fréquences.
Imaginons que dans la suite d'échantillons composant une seconde de musique (rappelons qu'il y en a 44100)
on ait plusieurs fois de suite la même fréquence, par exemple 10 fois. Si au lieu de stocker ces 10 points,
on en stocke 1 seul et le nombre de fois où il se répète, on a besoin de coder 2 nombres et non 10. Si, de plus, on applique cette méthode à des fréquences non plus
identiques mais très proches les unes des autres (si proches que l'oreille humaine moyenne ne puisse les
distinguer), on peut encore gagner en place. Cette fois, la compression est destructrice puisque l'on remplace
une fréquence par une autre (presque identique). Le MP3 utilise également l'algorithme de Huffman (1952)
comme méthode de codage des informations. Cette méthode est utilisée dans tous les algorithmes de compression
(compression de fichiers texte, compression d'images, compression de sons). Elle repose sur l'utilisation d'un
code de longueur variable et la probabilité d'apparition d'un événement (en l'occurrence ici d'une fréquence).
Plus une fréquence apparaît souvent, plus son code sera court (nombre de bits faible pour la représenter).
Le fichier est lu une 1ère fois et on dresse un tableau des fréquences apparaissant et le nombre de fois où
elles apparaissent. On en déduit le code approprié. Ce codage est utilisé en dernier lieu. C'est la phase finale
de la compression. C'est un codage non destructeur.
Le MP3 exploite en 1er lieu les propriétés
de l'oreille pour réduire la taille d'un morceau, puis on traite l'aspect stéréo et enfin on applique des
codages en terminant par le codage de Huffman.
L'utilisation de toutes les possibilités de réduction évoquées dépend de la place que l'on souhaite
accorder à 1 mn de son compressé et donc du taux de compression que l'on va devoir appliquer. Pour l'encodage
de fichiers son en MP3 on parle plutôt en terme de bitrate que de taux de compression. Le bitrate est
le nombre de bits autorisés en 1 seconde. On aura donc la relation suivante : plus on veut compresser
un morceau (pour qu'il prenne le moins de place possible) plus le bitrate à choisir devra être faible.